Matt, pasteur à Huntsville, capitale de la peine de mort

Sur la route de la Maison Blanche. Pasteur et favorable à la peine de mort? C'est possible. Huntsville compte 39000 habitants et 15000 prisonniers et entre 40 et 50 églises.


Huntsville Texas. Cette ville moyenne qui se réduit à un croisement d’autoroutes ne mériterait même pas une ligne sur internet si elle ne se distinguait pas par son petit nom : « Prison City ». 39.000 habitants, 15.000 prisonniers et plus de 5000 gardiens répartis dans sept établissements «correctionnels». C’est ici que sont exécutés tous les condamnés à mort du Texas, de loin l’état le plus assidu en la matière. Les injections létales se poursuivent à un rythme soutenu depuis la réintroduction de la peine de mort en 1976. La dernière date de six jours seulement.
Huntsville vit de ses pénitenciers que les autorités ont érigés en fructueuse industrie locale. Mais la ville a encore une autre particularité : elle abrite entre 40 et 50 églises. Matt Springfield, 36 ans, est le pasteur de l’église Christ of Church qui compte 400 fidèles. Ils sont venus nombreux en ce dimanche matin. A dix heures précises Matt entre en scène. Dans sa chemise à carreaux, crâne rasé, les mains dans les poches de son pantalon de toile clair, il a davantage l’air d’un lutteur que d’un prédicateur. L’atmosphère s’échauffe. Matt invoque Dieu. «N’ayez pas peur, faites-lui confiance!». Il emprunte son style au gospel, élève sa voix de stentor puis revient pianissimo tout près de ses fidèles. Il a le geste ample, la pause tantôt réfléchie tantôt combattante. Son propos, comme les paroles de cantiques, sont relayées sur les écrans géants incrustés des deux côtés de l’autel. De la scène disons. Le culte est entré dans l’ère du Powerpoint. Efficace. L’émotion est palpable. Matt Springfield démontre une formidable aisance. Il aime le show, le contact avec la salle des fidèles, il ne s’en cache pas. «C’est aussi mon métier».
Issu d’une famille très religieuse, il n’a jamais eu de doute ni sur sa foi, ni sur sa vocation. Voilà trois ans qu’il exerce à Huntsville. Dans son bureau, les poissons rouges côtoient les trophées de chasse et les photos de famille. Il exerce son ministère à plein temps mais il y a quelques années il travaillait aussi comme vendeur en équipements électroniques pour mettre du beurre dans les épinards de sa vie spirituelle. Aujourd’hui, il est bien installé à Huntsville et restera «aussi longtemps que Dieu le veut» dans cette ville « petite mais pratique et agréable». Qu’elle soit la championne des exécutions capitales ne le trouble pas. «C’est une question de responsabilité. Les coupables doivent payer. Avec les technologies modernes, les erreurs d’évaluation ne se produisent plus, alors…». Matt s’affiche conservateur. Le 6 novembre, il votera pour Mitt Romney parce qu’il aime ses valeurs familiales, sa politique fiscale et qu’il a fait ses preuves. Qu’il soit mormon ne le dérange pas. «Nous avons le même Dieu». Et Obama? «Il s’est trompé dans ses priorités. Il ne s’est pas attaqué au cœur du problème, ni économique, ni sur le plan de l’assurance maladie». 

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