Même le pain devient low-cost


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Une chaîne allemande de boulangeries self-service vient de s’installer à Zurich et lorgne la Suisse romande. De quoi faire grincer des dents.


BackWerk, la chaîne allemande de boulangeries bon marché, s’installe en Suisse, sans oublier la Romandie, et provoque déjà une levée de boucliers. Le public visé? Les personnes actives des cités qui n’ont pas le temps de rentrer chez elles. Un créneau encore en développement. «Une chaîne de boulangerie low-cost, c’est dans l’air du temps, reconnaît Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs (FRC). Mais je crains que l’arrivée de ce genre de chaînes en Suisse romande ne constitue une nouvelle pression sur les boulangeries traditionnelles, déjà fortement concurrencées par les sandwicheries.»
Directeur de l’Association suisse des patrons boulangers-restaurateurs, Beat Kläy affichait sa sérénité début octobre lors de l’inauguration de la première filiale zurichoise: «Les Suisses sont peu sensibles au prix du pain», affirmait-il.
Pourtant, le succès de Back-Werk n’est plus à démontrer. En une petite décennie, le concept «Emballe tes croissants toi-même et va payer à la caisse» a permis à la chaîne d’Essen (D) de lancer quelque 300 filiales entre l’Allemagne et l’Autriche.
A quand la première boulangerie self-service en Suisse romande? «Nous sommes à la recherche de locaux dans des zones bien fréquentées, explique Corinne Kanouni, directrice de BackWerk Suisse. Nous avons déjà pris des contacts.»
Pendant deux ans, les responsables de la chaîne ont observé à la loupe les us et coutumes des Helvètes depuis leur unique magasin suisse installé à Schaffhouse.
Maintenant, les leçons ont été tirées et BackWerk part en guerre. Première étape: le magasin de 90 m2 proche de la gare zurichoise de Tiefenbrunnen, inauguré le 5 octobre dernier. Et ce n’est qu’un début. «Nous comptons ouvrir plusieurs dizaines de filiales dans chaque région, environ une quarantaine à moyen terme. Nous nous adapterons aux goûts locaux, bien sûr aussi en Suisse romande», poursuit la responsable des magasins suisses.
Si l’on croit un message de la direction du groupe à Essen, leurs «pâtisseries sont entre 30 et 45% meilleur marché que celles de la concurrence, sans concession sur le goût». Une affirmation qui gêne pourtant Corinne Kanouni: «Ici, nous n’utilisons que des produits suisses. Nous devons en tenir compte dans nos prix», précise-t-elle.
En clair, le low-cost n’est pas toujours aussi «low». Un grand croissant BackWerk à Zurich coûte 1 fr. 25 et la gamme de prix des sandwiches oscille entre 2 fr. 95 (pain au lait) et 6 fr. 95 (baguette). Des prix sensiblement meilleur marché que ceux pratiqués sur les bords de la Limmat. Mais pas franchement bon marché vus de la Suisse romande. «Nos prix sont adaptés à notre environnement. Ils ne seront pas les mêmes partout», explique la directrice.
Pour les SDF du pasteur Sieber
BackWerk possède toutefois de nombreux autres atouts, comme la fraîcheur des produits disponibles non-stop de 6 h à 21 h. «Nous fabriquons les sandwiches en fonction de la demande. Ils ne restent jamais plus d’une heure dans les rayons.» Au-delà, ils sont sortis du magasin, rassemblés et donnés aux bonnes œuvres du pasteur Sieber, connu pour ses actions en faveur des SDF de la région.
Le café attire le client
Autre point fort: le prix du café, à tirer soi-même et que l’on peut consommer sur place. Il coûte 3 francs les 2 dl, quelle que soit sa composition, du latte macchiato à l’espresso. «A ce prix vous n’en trouverez pas à Zurich et je connais la qualité des autres produits», souligne Thomas Helbling, un électricien saint-gallois, présent lors de notre visite.
C’est vrai, BackWerk est connu des Alémaniques. «J’avais l’habitude d’y rencontrer mes copines lors d’un séjour à Berlin et d’y passer des heures», commente Dora Tomic, une gymnasienne zurichoise. Lieu de rencontre malgré le côté volontairement impersonnel de l’endroit, Back-Werk surfe sur la même vague que McDonald’s.

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