Sylvia Kristel, alias «Emmanuelle», n'est plus

L'actrice d'origine néerlandaise, rendue célèbre par la saga érotique des années 1970, est décédée des suites d'un cancer à l'âge de 60 ans.



L’actrice néerlandaise Sylvia Kristel est décédée dans la nuit de mercredi à jeudi à l’âge de 60 ans des suites d’un cancer. Son rôle dans le film «Emmanuelle» symbolisait la révolution sexuelle des années septante.

«Elle est morte pendant la nuit, pendant son sommeil», a déclaré jeudi Marieke Verharen, de l’agence Features Creative Management, qui représentait la comédienne. Elle a refusé d’indiquer si l’actrice était décédée chez elle ou à l’hôpital.
Mme Kristel avait été soignée pour un cancer de la gorge et avait subi un traitement contre des métastases au foie. Elle avait été précédemment victime d’une attaque cérébrale début juillet puis hospitalisée.
A 22 ans, Sylvia Kristel devient le fantasme des millions de spectateurs qui ont vu «Emmanuelle» au cinéma, après sa sortie en 1974. Tourné par le réalisateur français Just Jaeckin, il était une adaptation du roman du même titre d’Emmanuelle Arsan. Le film, qui a connu un succès international, du Japon aux Etats- Unis, raconte les aventures sexuelles d’une jeune femme en Asie. Il était resté treize ans à l’affiche sur les Champs-Elysées à Paris.
Célèbre affiche
Sylvia Kristel avait marqué, à l’époque, lorsqu’elle avait posé à moitié nue dans un fauteuil en rotin sur la célèbre affiche du film, indolente, cheveux roux et courts, collier de perles fines sur sa poitrine nue, bottines sexy et regard ingénument dévastateur. «J’étais une actrice muette, un corps. J’appartenais aux rêves, à ceux que l’on ne peut pas briser», écrivait-elle sur la quatrième de couverture de son autobiographie, sortie en 2006.
Just Jaeckin, le cinéaste et photographe français qui a réalisé «Emmanuelle», a rendu hommage à Sylvia Kristel, la qualifiant de «femme merveilleuse» qui a été «dépassée» par le succès du film.
«Malheureusement, je m’y attendais. Je suis également soulagé qu’elle n’ait plus à souffrir», a-t-il déclaré. «Sylvia était une femme merveilleuse, très pure, très naïve: le fer rouge d’»Emmanuelle» a été très dur pour elle», a-t-il ajouté.
Née en 1952 à Utrecht, Sylvia Kristel n’a pas toujours eu la vie facile. Elle raconte notamment dans son livre avoir été abusée à l’âge de neuf ans par le gérant de l’hôtel que tenaient ses parents, à proximité de la gare de cette ville du centre des Pays-Bas.
Actrice pudique
Elle avait ensuite été envoyée, à l’âge de onze ans, dans un étouffant pensionnat religieux qu’elle détestera. A 20 ans, elle fait des essais de mode, devient Miss TV Europe et est engagée pour tourner dans des petits films avant d’être repérée par Just Jaeckin pour le rôle d’»Emmanuelle».
«Je supporte mal la nudité, je suis pudique», écrit-elle pourtant dans son livre. Elle raconte également comment elle a dû se déshabiller pour le casting: «Je me suis dénudée en faisant croire au naturel, à une seconde nature derrière ma bonne éducation et mon maintien bourgeois».
Par la suite, l’alcool et la drogue seront pour elle un moyen de supporter une destinée hors du commun et de gérer le poids du désir de millions de personnes: «Ce rôle dont je rêvais, tel un tremplin, m’a réduite pour toujours».
L’actrice, qui vivait à Amsterdam et passait beaucoup de temps à peindre, laisse derrière elle un fils unique, Arthur, né en 1975, qu’elle avait eu avec l’écrivain belge Hugo Claus.


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