Obama veut fermer Guantanamo au plus vite


ETATS-UNIS
  
Mardi, lors d'une conférence de presse à la Maison blanche, le président américain a abordé les gros dossiers du moment: grève de la faim à Guantanamo, attentats de Boston et armes chimiques en Syrie.






Le président américain Barack Obama a promis mardi de redoubler d'efforts pour fermer Guantanamo. Cette annonce intervient alors qu'un nombre croissant de détenus de cette prison observent une grève de la faim.
Cette prison «doit être fermée», a déclaré le président démocrate lors d'une conférence de presse à la Maison blanche. L'existence de Guantanamo affecte l'image des Etats-Unis à l'étranger, «entrave la coopération antiterroriste avec nos alliés» et constitue un «outil de recrutement pour les extrémistes», a-t-il ajouté.
«Je vais à nouveau discuter avec le Congrès et plaider que ce n'est pas quelque chose qui est dans le meilleur intérêt du peuple américain», a-t-il affirmé, dénonçant la «démagogie» de nombreux élus qui refusent le transfèrement des détenus sur le territoire américain au nom de la sécurité.
Grève de la faim
La prison de Guantanamo a accueilli ses premiers détenus en 2002 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme décrétée par le président républicain George W. Bush. Ce camp attire à nouveau l'attention en raison d'une grève de la faim déclenchée en février.
«Ce n'est pas une surprise pour moi si nous avons des problèmes à Guantanamo. (...). Je continue à croire que nous devons fermer Guantanamo. C'est important pour nous de comprendre que Guantanamo n'est pas nécessaire pour la sécurité de l'Amérique. Cela coûte cher. C'est inefficace», a déclaré Barack Obama.
Le mouvement est entré lundi dans sa douzième semaine. Avec 100 détenus refusant de s'alimenter, le nombre de protestataires a passé samedi la barre des 60% des 166 personnes incarcérées dans la prison, selon les autorités militaires qui gèrent la prison.
Ce chiffre se rapproche inexorablement des 130 grévistes cités depuis le début du mouvement par les avocats. La plupart des protestataires dénoncent leur détention illimitée depuis onze ans, sans inculpation ni procès.
Soutien au FBI
Lors de la même conférence de presse, Barack Obama a défendu le travail réalisé par la police fédérale (FBI) avant le double attentat de Boston (Massachusetts, nord-est) le 15 avril, qui avait suscité des interrogations.
La Russie avait alerté en 2011 les autorités américaines au sujet de l'aîné des deux suspects, Tamerlan Tsarnaev, sur la possibilité qu'il tombe entre les mains de groupes islamiques radicaux. Le FBI l'avait alors interrogé mais avait ensuite clos son dossier.
Les autorités américaines ont fait de leur mieux face aux menaces, parmi lesquelles figuraient des «individus qui se sont auto-radicalisés», a déclaré le locataire de la Maison blanche.
«D'après ce que j'ai lu jusqu'à présent, le FBI a fait son devoir. Le département à la Sécurité intérieure a fait ce qu'il était supposé faire. Mais ce sont des choses difficiles», a ajouté Barack Obama, en saluant à nouveau l'aide de la Russie dans l'enquête.
Vieilles habitudes
Barack Obama a toutefois reconnu que les suspicions entre les services de renseignement des deux pays, anciens ennemis de la Guerre froide, subsistaient. «Vous savez, les vieilles habitudes ont la vie dure», a-t-il expliqué.
Les autorités judiciaires américaines ont identifié deux frères, Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, comme les auteurs présumés du double attentat, qui a fait 3 morts et plus de 260 blessés le 15 avril, près de la ligne d'arrivée du marathon de Boston.
Tamerlan Tsarnaev est mort après une fusillade avec la police au moment où il cherchait à fuir Boston, trois jours après l'attentat. Son frère, blessé, a été capturé.
Dossier syrien
Des armes chimiques ont bien été utilisées en Syrie mais des questions subsistent, a déclaré Barack Obama. «Nous ne savons pas par qui, ni quand, ni comment», a expliqué le président américain. Il a mis en garde contre des décisions prises sans avoir «tous les éléments» en main.
«Nous avons maintenant des preuves que des armes chimiques ont été utilisées en Syrie», a indiqué Barack Obama. «Si je peux établir que non seulement les Etats-Unis, mais aussi la communauté internationale, sont sûrs que des armes chimiques ont été utilisées par le régime Assad, alors cela changera les règles du jeu», a-t-il insisté.
A l'heure actuelle, «on ne sait pas comment ces armes ont été utilisées, quand elles ont été utilisées, ni qui les a utilisées», a souligné le président américain.
«Et si nous prenons des décisions sans preuve solide, alors nous nous retrouverons peut-être dans la situation de ne pas pouvoir mobiliser la communauté internationale pour soutenir ce que nous faisons», a ajouté Barack Obama, évoquant le précédent de 2003, quand son prédécesseur George W. Bush avait lancé l'invasion de l'Irak sous le prétexte d'armes de destruction massive, qui n'ont jamais été retrouvées.
Des objections à une intervention
«Il pourrait même y avoir des objections chez certaines personnes dans la région, qui ont de la sympathie pour l'opposition, si nous agissons», a ajouté M. Obama. Il mène depuis plusieurs semaines des consultations à Washington avec des dirigeants de pays du Moyen-Orient, en particulier ses alliés du golfe persique.
«Il est important pour nous de le faire de façon prudente», a-t-il insisté. La veille, il avait signifié à son homologue russe Vladimir Poutine l'«inquiétude» des Etats-Unis au sujet des armes chimiques. Moscou a jusqu'ici mis en garde l'Occident contre l'utilisation de ce dossier comme un «alibi» pour intervenir en Syrie, son grand allié au Moyen-Orient.
Barack Obama a déclaré par le passé que l'emploi par le régime de Damas d'armes chimiques «changerait la règle du jeu», sans préciser exactement ce que cela signifierait. Jusqu'à présent, les Etats-Unis se sont contentés de fournir une aide non létale aux rebelles syriens.
Accusations mutuelles
Ces dernières semaines, le gouvernement du président Bachar al-Assad et les rebelles syriens se sont mutuellement accusés d'avoir mené des attaques à l'arme chimique. Mardi encore, l'ambassadeur syrien auprès de l'ONU, Bachar Jaafari, a accusé l'opposition d'avoir utilisé un «produit chimique» contre la population près d'Idleb (nord) afin de faire croire à l'utilisation d'armes chimiques par l'armée syrienne.
La semaine dernière, des responsables américains ont indiqué que la communauté américaine du renseignement avait conclu, «avec différents degrés de certitude», que des armes chimiques, notamment du gaz sarin, avaient été employées en Syrie.
Une mission d'enquête de l'ONU a été créée à la mi-mars sur le recours éventuel à des armes chimiques dans le conflit syrien. Mais Damas refuse d'accorder aux inspecteurs un accès sans entraves aux sites suspects.
Attentat à Damas
Un nouvel attentat a ensanglanté à une heure de grande affluence la capitale syrienne Damas, tuant au moins treize personnes, au lendemain d'une attaque ayant visé en vain le premier ministre, Wael al-Halki. Septante personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état critique.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres et proche des rebelles, a fait état de la mort de «neuf civils et cinq membres des forces de l'ordre».
Le ministre de l'Intérieur, Mohammad al-Chaar, a qualifié l'attaque de «réponse désespérée» aux récentes conquêtes de l'armée syrienne contre les rebelles. Il a accusé les Etats-Unis, l'Occident et Israël d'avoir téléguidé le groupe à l'origine de l'attentat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire