Les élus ont voulu punir Künzler, pas les étrangers

Des étrangers au conseil d’administration des TPG? Les députés ont refusé pour sanctionner la magistrate Verte.
Le vote peut surprendre dans un canton comptant plus de 40% d’étrangers: vendredi, le Grand Conseil, à une courte majorité (43 oui contre 42 non), a décidé que pour siéger au conseil d’administration des Transports Publics Genevois, il faut être Suisse et résider à Genève. Y aurait-il une «MCG-isation» des esprits pour reprendre les termes du député Vert Christian Bavarel, contacté hier? Notre prise de température auprès des élus montre que la réalité semble plus complexe.
«Dire que ce vote symbolise une montée du fascisme, c’est une connerie», s’emporte le libéral-radical Renaud Gautier. Sa colère s’explique aisément: son parti – le PLR – est pointé du doigt pour avoir voté, avec le MCG, la motion UDC prônant le statu quo aux TPG. «Ce vote est un acte de défiance vis-à-vis du Conseil d’Etat, qui essaie de passer en force. Le débat sur les étrangers dans les conseils d’administration est délicat par les temps qui courent. Il doit être préparé.»
Chef des libéraux au Grand Conseil, Ivan Slatkine dénonce, lui, «une maladresse politique» de la magistrate de tutelle des TPG, la Verte Michèle Künzler. «Elle a voulu modifier la loi en douce pour placer Guy Vibourel à la tête des TPG.» Pour le député, si le Conseil d’Etat veut aborder la question des étrangers dans les conseils d’administration, il doit présenter un projet portant sur l’ensemble des régies publiques. Cette proposition ne déplaît pas à la démocrate-chrétienne Anne-Marie von Arx-Vernon. Même si elle dénonce «un risque de xénophobie», en référence aux propos tenus «dans les rangs du MCG et de l’UDC», l’élue ne voit rien «d’antiétrangers ou d’antifrontaliers» dans le vote. «C’est plutôt un vote anti-Künzler. Le PLR veut disqualifier cette magistrate. Alors il balaie ce qu’elle propose.»
Alors, remontés contre la patronne de la Mobilité, les libéraux-radicaux? «Disons que sa façon de dénigrer le travail effectué par l’ancien président du conseil d’administration, le libéral Patrice Plojoux, n’aide pas», reconnaît le PLR Daniel Zaugg. Et d’ajouter: «La gauche veut nous faire passer pour des méchants qui ont la haine de l’étranger. Ridicule.»
L’explication ne convainc pas Christian Bavarel. «Ça suffit. Lorsqu’on vous pose une question, vous y répondez. Les députés PLR n’ont pas voulu ouvrir le conseil d’administration des TPG aux étrangers. La réalité est là. Et elle me dégoûte.» Plus nuancée, la socialiste Loly Bolay estime que si ce vote peut refléter «un problème avec les frontaliers», il montre surtout la «colère de certains partis envers le Conseil d’Etat qui a fait les choses en catimini». Un avis partagé par le chef de groupe du PS, Roger Deneys: «Le vote n’est pas forcément un vote antiétrangers. Le débat était confus, long et c’est une somme d’éléments qui a fait pencher la balance du côté du oui. Michèle Künzler a peut-être été maladroite.»
Le futur? «Un débat de fond sur la présence d’étrangers dans les conseils d’administration. La position des libéraux-radicaux n’est pas très claire», répond Daniel Zaugg. Ivan Slatkine précise: «La discussion doit avoir lieu pour l’ensemble des régies. Pour le PLR, la compétence prime. Nous ne sommes pas opposés à la présence d’étrangers qui habitent Genève dans les conseils d’administration. Mais pas au poste de président.»
Un nouveau projet sur la gouvernance des régies publiques? «Pourquoi pas, confie Roger Deneys. Mais le Conseil d’Etat a déjà été désavoué par le peuple sur ce sujet. Pas sûr qu’il le remette de sitôt sur le tapis.»

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire