Les profs ne veulent pas d'un Prix suisse des écoles


GROGNE
  
Les enseignants s’opposent farouchement au prix qui récompense le meilleur établissement. Certains poussent au boycott.





Le Prix suisse des écoles sera décerné à la meilleure école helvétique. Ce concours, lancé à l’automne par l’association privée Forum Bildung, met en rogne les syndicats des enseignants et les sociétés pédagogiques cantonales. Ils ont refusé d’y participer, appellent pour la plupart au boycott, et s’inquiètent de la participation à son comité de patronage de certains conseillers d’Etat chargés de l’instruction publique.
«Ce concours va comparer les écoles entre elles et établir de ce fait un ranking, ce que nous avons toujours condamné, comme les conseillers d’Etat d’ailleurs», relève Georges Pasquier, président du syndicat des enseignants romands. Les écoles participantes seront évaluées selon six critères, tels que la performance des élèves, la capacité à gérer la diversité ou encore le climat scolaire. Des points sur lesquels les syndicats n’ont rien à redire. «Toutes les écoles se battent pour cela, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles y arrivent, ajoute le président. Parce qu’elles sont toutes différentes. On ne peut par exemple pas comparer une école de campagne et une école de la ville qui a peut-être d’autres défis à relever que la performance.»
Ces critiques, Forum Bildung les comprend, mais estime qu’elles n’ont pas lieu d’être. Pour Rainer Huber, chef de projet du Prix des écoles, il ne s’agit aucunement d’un ranking. La meilleure école sera effectivement récompensée, d’un montant de 80 000 francs, mais il n’y aura ensuite ni deuxième, ni dernier du classement. «L’idée est d’échanger, de partager, explique-t-il. Les écoles peuvent mettre en avant des projets qui font leurs preuves, et ainsi permettre à d’autres de s’en inspirer.»
Concours un peu bricolé
Et c’est cela qui a convaincu les conseillers d’Etats des cantons romands, à l’exception de Vaud et Neuchâtel. «Ce n’est pas forcément affreux», note Elisabeth Baume-Schneider, présidente de la Conférence intercantonale de l’instruction publique. «Cela permet aux établissements qui le souhaitent, peu nombreux sans doute, de se profiler.» Elle admet toutefois que ce concours est un peu «bricolé» et ne donne que peu de substance à l’école. Les cantons tireront un bilan de cette première édition.
Pas suffisant pour les syndicats. Certains, comme dans le Jura et à Fribourg, ont d’ailleurs demandé aux enseignants de boycotter ce prix. «Nous nous sentons seuls pour défendre l’école publique, ajoute Georges Pasquier. Une école de qualité où il n’y a pas de meilleur établissement, où tous les parents voudront placer leurs enfants, où il n’y a pas de viennent-ensuite qui pourraient se sentir dévalorisés.»

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire