«On m'a élu à l'insu de mon plein gré!»


DÉMOCRATIE
  
Zéro candidat s’est présenté à l’élection complémentaire de municipal à Vuarrens (VD). Élu malgré lui, Claude Duvoisin s’est résigné à accepter.



Ce que redoutait Claude Duvoisin s’est bien produit. Hier, cet habitant de Vuarrens (VD) a été élu conseiller municipal, alors même qu’il ne s’était pas présenté. Il s’en serait bien dispensé, lui qui commençait tout juste à profiter de sa retraite anticipée. Si le règlement lui permet encore aujourd’hui de démissionner, Claude Duvoisin s’est résigné à accepter. «Je le fais par conviction civique. Refuser serait démocratiquement déplorable», remarque cet ex-consul général de Suisse, qui durant 47 ans a voyagé aux quatre coins du monde, de San Francisco à Abidjan en passant par Rome ou Tel-Aviv.
Tout juste de retour
Voilà trois mois, il décide de quitter son poste à Montréal. Le moment de s’offrir une retraite méritée et jouir enfin du calme du village natal de son épouse, là où en 1987, ils avaient construit leur maison familiale. «On retrouve gentiment nos marques», ajoute-t-il. Comble de l’ironie, il faut justement trois mois pour être éligible. Le village se serait-il donné le mot? «Depuis une semaine, j’entendais dire que j’étais l’homme de la situation», répond-il. Le seul surtout. Personne d’autre à Vuarrens ne s’est proposé au premier comme au second tour.
L’ancien municipal avait démissionné pour des raisons privées. «Au premier tour, on était déjà trois, contraints à obtenir des voix. Les deux autres ont de suite dit non. J’étais en vacances, je ne l’ai su que plus tard», complète Claude Duvoisin honoré toutefois de la confiance de ses quelques électeurs, une petite moitié des 19% des votants sur les 830 habitants. Hier, le désarroi du village était palpable, une ancienne municipale, première femme élue n’est même pas allée voter.
Fusionner, la solution
Pour le vice-syndic, Jean-Philippe Buffat, «c’est un soulagement, car on voit bien que les gens ne souhaitent plus prendre de responsabilités communales. C’est une charge de travail et on est vite critiqué.» Vuarrens n’est pas un cas isolé, «la difficulté à trouver des citoyens prêts à s’engager est une réalité», souligne le Vaudois Laurent Curchod, chargé de missions pour la fusion de communes. Et de compléter: «C’est d’ailleurs l’une des raisons principales qui poussent les communes à fusionner.»
«La rétribution n’aide pas», souligne la conseillère d’Etat, Béatrice Métraux. A peine quelques milliers de francs par année. «Je félicite ce retraité d’avoir pris en charge cette tâche citoyenne, c’est beaucoup d’investissement personnel, au moins 20 à 30% de son temps», continue-t-elle. Et de déclarer: «Il faut qu’on repense le rôle des petites communes. Que face aux citoyens, il y ait de vrais interlocuteurs et qu’on favorise les fusions.» En 2013, Vaud comptera 318 communes contre 378 en 2007. Une tendance qui s’étend à tous les cantons romands.
En attendant son assermentation, le 22 octobre prochain, Claude Duvoisin aura juste le temps de taper quelques balles de golfe et d’enjamber son vélo de course, deux passions sportives dont il se réjouissait de profiter: «J’ai des engagements de vacances, auquel je ne vais en tout cas pas déroger. J’aimerais visiter Berlin et Vienne.» Mais pour l’instant, c’est le Conseil municipal!

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