Tuée sur ordre de ses parents?


ALLEMAGNE
  
Les parents d’Arzu Özmen, une adolescente assassinée par ses quatre frères et sa sœur, passeront devant les juges. Alors qu’elle se trouvait chez son copain chrétien allemand, Arzu Özmen a été enlevée et tuée par ses frères en novembre 2011.
Le père d’Arzu a-t-il demandé à ses propres enfants de tuer leur sœur pour sauver l’honneur de la famille? Le procureur de Detmold, Michael Kempkes, en a toujours été persuadé. «J’apporterai les preuves», avait-il déclaré après la condamnation, en mai dernier, des cinq enfants pour l’assassinat d’Arzu, âgée alors de 18 ans.
Michael Kempkes semble avoir rassemblé suffisamment d’éléments à charge pour présenter aux Assises Fendi Özmen, âgé de 52 ans. Il l’accuse d’incitation à assassinat et de complicité d’enlèvement. La mère sera présentée à la justice pour ne pas avoir empêché le crime commis par ses cinq enfants, âgés de 21 à 27 ans: Osman (prison à vie), Sirin et Kirer (10 ans chacun), Kemal et Elvis (5 ans et demi chacun).
Elle voulait vivre à l’occidentale
Le 1er novembre 2011, Arzu Özmen a été tuée de deux balles dans la tête par son frère aîné, Osman, parce qu’elle aimait Alexander, un boulanger allemand de 23 ans. Elle voulait vivre «à l’occidentale». La famille ne l’a pas accepté.
Les parents d’Arzu, arrivés il y a 25 ans de l’est de la Turquie, font partie de la minorité religieuse des Yézidis qui rejettent les mariages interreligieux. Alors, le jour où son père découvre sa relation sexuelle avec un chrétien, elle se fait rouer de coups. A l’hôpital, elle dira: «Je suis tombée de vélo.» Mais elle portera plainte contre son père pour coups et blessures. «Ce jour-là, elle a signé son arrêt de mort», a estimé le procureur.
Père menteur
Réfugiée dans une maison d’accueil pour femmes en difficulté, elle prévient une amie. «Fais attention avec qui tu parles sinon je suis morte», écrit-elle sur Internet. En effet, sa sœur Sirin, qui travaille dans l’administration, la recherche activement en fouillant dans les données des services publics. «Ton père a eu une crise cardiaque», lui écrit-elle dans un e-mail mensonger pour la convaincre de revenir. Le soir du 1er novembre, Arzu commet l’erreur de se rendre chez son amoureux qui est surveillé par la famille. Les frères et sa sœur débarquent dans l’appartement d’Alexander vers 1 h 30 du matin pour l’enlever. On retrouvera le corps sans vie d’Arzu onze semaines plus tard près d’Hambourg.
Le soir même, la police débarque à 4 h 30 chez le père. «Mes enfants sont sortis pour une soirée», leur dit-il. Pour le procureur, Fendi Özmen a menti. Selon le magistrat, c’est le chef de famille qui a voulu ce crime d’honneur commis par ses propres enfants. Et il le prouvera au nouveau procès dans cette affaire qui a bouleversé l’Allemagne.

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