Campagne choc d'Amnesty contre l'UDC


POLITIQUE D'ASILE
  
La section suisse d'Amnesty International, soutenue par d'autres organisations, parodie de façon corrosive les ténors de l'UDC qui prônent un nouveau durcissement de la politique de l'asile.



Un mobile home pourri perdu dans le froid. Deux hommes, Christoph Blocher et Ueli Maurer, sont assis devant une casserole de soupe bouillante d'où dépassent deux cornes, celles de «Zottel», le célèbre bouc de l'UDC. Le conseiller fédéral demande au tribun zurichois d'arrêter de faire la tête. Celui lui répond: «Moi aussi j'ai faim. Mais on ne va quand même pas manger notre mascotte!»
Cette scène est tirée de la vidéo choc de la dernière campagne de la section suisse d'Amnesty Interntional, «ça suffit!», qui démarre ce 1er octobre et qui va durer tout le mois. Epaulée par plusieurs organisations, l'ONG entend protester, via l'arme de l'humour, contre les derniers durcissements de la loi sur l'asile votés lors de la session d'automne des Chambres. Des durcissements qui sont loin d'être terminés puisque l'UDC a annoncé ce week-end qu'elle travaillait déjà à une nouvelle initiative qui réclame notamment le placement des requérants dans des camps d'internement fermés.
Outre la vidéo, Amnesty lance parallèlement une série d'affiches également corrosives. Sur l'une d'elles, on y voit ainsi «Mustafa Blocher» sur fond d'un village somalien en feu, avec le slogan: «Après leur renaissance en tant que Somaliens, certains seraient heureux de s'être autrefois opposés au durcissement de la loi sur l'asile». Sur une autre, selon le même principe, on y voit «Jussuf Freysinger», sur fond de cité syrienne en ruine, avec un slogan très proche du premier.
«En mettant en scène avec humour des politiciens connus pour leurs positions en faveur d'un durcissement de la politique d'asile dans une situation où ils seraient contraints de demander l'asile», Amnesty cherche à éveiller «un sentiment de solidarité et de compréhension pour les requérants d'asile», explique l'organisation dans un communiqué paru lundi.
Pour l'ONG, les révisions de la loi sur l'asile depuis son entrée en vigueur en 1981 ont vidé le droit d'asile de son sens. «Cette législation n'est plus conçue comme un instrument pour accorder une protection aux personnes victimes de persécutions, mais comme un instrument de politique migratoire destiné à restreindre une migration jugée indésirable», estime Denise Graf, juriste et spécialiste de l'asile àAmnesty International. Selon elle, l'idée d'enfermer les requérants dans des camps, prônée désormais par l'UDC, est en outre contraire à la Constitution.
Avec sa campagne, Amnesty lance donc un appel en faveur d'une politique d'asile juste, respectant les droits humains.

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