Quel drone israélien la Suisse va-t-elle acheter?

L'armée suisse va acheter six drones, notamment pour surveiller ses frontières. Deux sociétés israéliennes sont en concurrence. Un test important a eu lieu ce matin à l'aéroport d'Emmen, près de Lucerne.

Qui n’a pas son drone de reconnaissance? Cet avion sans pilote, qui peut peser moins de 500 grammes ou plus de 5 tonnes, est en train de coloniser la planète. Les Américains l’utilisent pour éliminer des membres d’Al-Qaida en Afghanistan, les policiers britanniques pour surveiller les foules aux JO et les particuliers pour prendre d’innocentes photos aériennes de leur maison.
L’armée suisse n’est pas en reste. Elle s’apprête à dépenser 300 à 400 millions de francs pour acheter six drones israéliens, logistique et formation comprises. Elle a testé récemment le Heron I de la division Malat de l'industrie aérospatiale israélienne. Aujourd'hui, elle a présenté ce matin à la presse le Hermès 900, le drone concurrent israélien de l'entreprise Elbit Systems. Où? Sur l'aéroport d’Emmen, à deux pas de Lucerne.
Survol de Genève la nuit
Les deux drones en compétition ont été testés pendant une semaine dans différentes régions suisses dont la Suisse romande. Le Heron 1 a ainsi survolé Genève et la région vaudoise de nuit. Les avions sans pilote, téléguidés depuis le sol par onde dirigée ou satellite, envoient des images (zoomées ou non) en temps réel et travaillent inlassablement en mode relief, pictural ou infrarouge.
Clandestins aux frontières
Les drones suisses auront trois missions principales: la reconnaissance aérienne, la surveillance d’un territoire donné et l’aide aux patrouilles des gardes-frontière. Rien, ou presque, n’échappe à l’œil volant en action. Et notamment pas des personnes qui essaient de passer clandestinement la frontière de nuit.
La Suisse possède actuellement 25 petits drones Ranger en bout de course. «Les nouveaux appareils ont une autonomie de vol de vingt-quatre heures au lieu de quatre, nous expliquait récemment Othmar Flückiger, le commandant de la flotte des drones. Ils volent par tous les temps, sont moins bruyants et peuvent accueillir les technologies futures. C’est important car on va les utiliser pendant vingt à trente ans.»
Américains exclus et tops guns à la baisse
Pourquoi seuls deux drones israéliens sont-ils en compétition? Pourquoi les Américains qui, avec Israël, dominent le marché mondial, ne sont-ils pas dans la course? Selon le commandant Flückiger, c’est en raison de la garantie d’exportation, qui n’a pas pu être fournie. En clair, si la société américaine l’avait emporté, il y aurait eu le risque d’un feu rouge des autorités pour cause de secret militaire.
Aux Etats-Unis justement, le nombre de drones militaires a dépassé le nombre d’avions avec pilote. Les top guns à la Tom Cruise sont-ils en voie d’extinction? Et la Suisse, qui se déchire sur les Gripen, pourquoi ne s’équipe-t-elle pas de drones armés pour patrouiller dans le ciel? «Cette question n’est pas à l’ordre du jour, nous répondait il y a un mois assez militairement Roland Ledermann, responsable de projet à armasuisse. C’est une décision qui doit être prise par le commandement de l’armée.»
Dans le ciel suisse en 2017
En phase d’évaluation, les drones seront choisis en 2014 et intégrés dans le programme d’armement en 2015. «Mais c’est le Parlement qui devra obligatoirement donner son feu vert», rappelle François Furer, le chef de la communication d’armasuisse. Le fait que le futur drone soit israélien occasionnera certainement une polémique de la part de certains parlementaires pro-palestiniens. Si le crédit est voté, les nouveaux drones seront opérationnels dans le ciel suisse en 2017.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire