Début de la première audience technique sur le naufrage


Le tribunal de Grosseto a commencé ses audiences techniques. Elles doivent établir, en présence de son commandant, les responsabilités dans le naufrage du paquebot qui avait fait 32 morts en janvier.


Le commandant de bord Francesco Schettino, assigné à résidence au sud de Naples, est arrivé discrètement en voiture en début de matinée dans la ville toscane. Il est entré par une porte à l'arrière du Théâtre Moderne, où les audiences se tiennent à huis clos.
Le tribunal a déménagé pour l'occasion dans la salle du théâtre local pour pouvoir accueillir les centaines d'anciens passagers, leurs avocats et experts. Portant un costume sombre, Francesco Schettino est allé s'asseoir sur l'estrade aux côtés de ses avocats. La justice doit décider de l'ouverture éventuelle d'un procès pénal sur la tragédie.
Le commandant fait ses excuses
Le commandant a serré la main de survivants en leur faisant ses excuses en marge des audiences. Selon l'un des rescapés présents, Francesco Schettino a paru «embarrassé», lorsqu'ils ont brièvement dialogué.
«Quand je lui ai dit que j'espérais que la vérité allait prochainement être établie, la seule chose qu'il a dite, c'est 'oui, elle doit être vite établie'.» Deux survivants allemands ont également indiqué que le commandant du paquebot s'était excusé en leur serrant la main.
«La compagnie a commis la première faute en embauchant Francesco Schettino (le commandant, ndlr). Nous ne considérons pas Schettino responsable, c'est la faute de la compagnie. Ils essaient de faire de Schettino un bouc émissaire», a de son côté estimé son avocat américain Peter Ronai, représentant dix passagers hongrois.
Présenté comme «l'homme le plus détesté d'Italie» par un journal italien ou baptisé «Capitaine Couard» par les tabloïdes britanniques, le capitaine Schettino est accusé d'homicides par imprudence et naufrage. Licencié en juillet par la compagnie, il a porté plainte contre Costa Crociere et demande sa réintégration.
Les mêmes chefs d'accusation sont retenus contre six autres membres de l'équipage et trois dirigeants de la compagnie Costa Crociere, propriétaire du navire Concordia. M. Schettino, est également soupçonné d'avoir abandonné son navire avant la fin de l'évacuation.
«Empêcher un prochain Titanic»
«Si nous voulons sauver des vies à l'avenir et empêcher le prochain Titanic ou Concordia, nous devons faire en sorte que ces compagnies changent leur attitude», a estimé un autre avocat américain, John Arthus Eaves Jr. Il représente plus de 150 naufragés de plusieurs pays.
Toute la semaine, magistrats, avocats et experts vont examiner les analyses techniques, un millier de pages et sept DVD. Des boîtes noires du paquebot, déposées il y a un mois par un groupe de spécialistes nommés par le tribunal, vont également être passées au crible.
Le Costa Concordia (114'500 tonnes) s'était échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l'île du Giglio durant la nuit du 13 janvier avec à son bord 4229 personnes, dont 3200 touristes.
Les enquêteurs cherchent notamment à savoir pourquoi le paquebot voguait si près de l'île, et de surcroît à grande vitesse, et pour quelle raison la procédure d'évacuation n'a été entamée qu'une heure après la collision, alors que le navire penchait déjà dangereusement.
Procédures judiciaires en cours
De nombreuses procédures judiciaires ont été entamées contre la compagnie dans plusieurs pays. Des collectifs de naufragés se sont créés et des plaintes ont ainsi été déposées en Italie, en France et aux Etats-Unis. Dans ce dernier pays, 39 passagers réclament à Carnival 520 millions de dollars (environ 486 millions de francs) de dommages et intérêts.
Quant à l'épave du paquebot, elle gît toujours sur le flanc tout près du port de l'île du Giglio. Selon le projet d'enlèvement lancé le 15 mai, et en tenant compte des conditions météorologiques, elle devrait être retirée au printemps 2013.
Il s'agit d'une opération complexe et sans précédent en raison de la taille du bateau. Le navire devra d'abord être redressé, avant d'être remorqué dans un port où il sera ensuite démantelé.



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